Un mobile, sculpture bougeant au moindre vent ou courant d’air, est suspendu au plafond du hall d’accueil de Sciences Po. Ce mobile est composé d’une centaine de drapeaux sur lesquels sont projetés (en vidéo “mapping”) des informations, des lettres. Lorsque le mobile et les drapeaux bougent, sous l’effet de l’air, la projection vidéo cherche à s’adapter en temps réel au mouvement, cherche, car elle n’y parvient que dans une certaine mesure, le mobile physique reprenant régulièrement ses droits, surtout si des mouvements alentours perturbent son environnement.
Chaque drapeau, initialement vierge de tout signe, revêt des caractères typographiques, d’abord trois lettres figurant le nom du pays qu’il représente : FRA pour la France, etc. Tous les pays ainsi représentés ont contribué au Giec-IPCC, le consortium d’experts scientifiques mondial sur le changement climatique. Même s’il ne figure pas directement une cartographie, l’agencement de ces drapeaux répond à l’organisation mondiale des territoires. Avant même que le texte s’anime, on peut percevoir, pour certains drapeaux, derrière les trois lettres en question, dans la profondeur, d’autres textes, parfois nombreux, parfois moindre : ces agrégats typographiques figurent le poids de la participation de ces pays aux différents rapports du Giec-IPCC et indiquent un espace informationnel à explorer. Les spectateurs face à ce mobile peuvent en effet agir dessus, avec leur mobile, leur smartphone, via une application dédiée. Ayant choisi un pays, un drapeau, ils explorent ces informations par un travelling dans la typographie ainsi mise en espace. Les informations qui sont révélées par les interactions varient suivant des filtres dont la base de données du Giec-IPCC est constituée (rapport / rôle / pays / participation chapitre / groupe de travail / disciplines / type d’institutions / thème). En se saisissant de ces informations et en adoptant le point de vue d’un pays, les spectateurs agissant deviennent des représentants momentanés des pays choisis, aux yeux de tous : la représentation interactive de leur écran individuel de smartphone est reproduite en temps réel sur le drapeau qui leur est affecté. Prises entre les actions des participants et soumises au moindre mouvement de l’air, entre les mobiles (smartphones) et le mobile (sculpture), ces informations tentent de nous mobiliser par le biais d’une expérience esthétique singulière autant que collective.
Crédits :
Un projet EnsadLab (École nationale supérieure des Arts Décoratifs) / MediaLab (Sciences Po)
conçu et réalisé sous la direction de Samuel Bianchini (EnsadLab),
en partenariat avec l’équipe du MediaLab de Sciences Po
Design graphique et d’interaction : Alexandre Dechosal (EnsadLab)
Développement informatique : Jonathan Tanant (EnsadLab)
Dispositif vidéo : idscènes et Modulo PI
Conception de la structure : Adrien Bonnerot et Tom Huet (EnsadLab)
Fabrication de la structure : EnsadLab et Michel Delarasse
Images de prévisualisation : Christophe Pornay (EnsadLab)
Remerciements : Dominique Cunin, Emmanuel Mahé, Oussama Mubarak, Élodie Tincq, Sylvie Tissot
Ce projet est réalisé dans le cadre de deux projets soutenus par l’Agence nationale de la recherche : ANR Medea (Mapping Emerging Debates on Adaptation) et Cosima (Collaborative Situated Media)
Les recherches et développements pour cette œuvre sont menés en lien avec le développement de Mobilizing.js, environnement de programmation pour les écrans mobiles, élaboré par EnsadLab, à destination des artistes et des designers : www.mobilizing-js.net