Colloque international – 23, 24, 25 novembre 2015
avec le soutien du Labex Arts-H2H
Vincent Broqua (Université Paris8)
Anne Chassagnol (Université Paris 8)
Karim Daanoune (Université Bordeaux-Montaigne)
Gwen Le Cor (Université Paris 8)
Lucile Haute (EnsadLab)
Yann Potin (Archives Nationales)
Arnaud Regnauld (Université Paris 8)
Stéphane Vanderhaeghe (Univ. Paris 8)
Laboratoire Transferts critiques et dynamique des savoirs – EA 1569
École nationale supérieure des Arts Décoratifs
Archives Nationales
Stéphane Vanderhaeghe (Université Paris 8, EA 1569)
Gwen Le Cor (Université Paris 8, EA1569)
avec l’aide de :
Mariam Lmaifi (Université Paris 8)
Lucile Haute (EnsAD)
– Les Archives nationales (site de Pierrefitte-sur-Seine)
– École nationale supérieure des Arts Décoratifs (Paris)
– Université Paris 8 Vincennes-St Denis
Ce colloque bénéficie d’une aide de l’ANR au titre du programme Investissements d’avenir (ANR-10-LABX-80-01)
Porteurs du projet « Text/ures » auprès du Labex Arts-H2H : Gwen Le Cor et Stéphane Vanderhaeghe (Université Paris VIII, Département des études anglophones, EA1569).
Serions-nous, comme le proclame François Bon, « après le livre » ?
Citant notamment Walter Benjamin, pour qui au début du vingtième siècle « tout indique maintenant que le livre sous sa forme traditionnelle approche de sa fin », Bon se fait la réflexion suivante : « Et si le fait que cette phrase ait été écrite et publiée en 1927 par un penseur essentiel indiquait seulement que l’idée de rupture est peut-être inhérente au livre qui n’a jamais vraiment eu de forme ‘traditionnelle’, en tout cas aucucune qui puisse participer de la définition même du livre, si tant est (avec Kant par exemple) qu’on puisse parvenir à la produire ? » (Après le livre, 123) À cet égard, Johanna Drucker, s’appuyant quant à elle sur la pensée de Jerome McGann, souligne le dynamisme propre au support livresque : « Un livre n’est jamais identique à lui-même. Un livre n’est pas artefact statique et inerte que l’on referfe sur sa couverture » (« A book is never ‘self-identical’. A book doesn’t close on itself as a static, inert artifact between boards or covers. »)
De telles lectures invitent alors à l’élargissement de la définition de l’objet-livre, dont la matérialité peut être étendue au-delà du seul codex pour inclure les dispositifs numériques. La question que nous souhaiterions soulever à l’heure où l’on pose volontiers une nouvelle « fin du livre » est alors celle, plutôt, du redéploiement de l’objet-livre autour de ce qu’on pourrait appeler sa texturalité. Tandis que les livres-objets soulignent des potentialités livresques jusqu’ici peu développées, ces textures nouvelles et/ou réinventées au prisme du numérique révèlent simultanément la part que jouent l’hybridation, la transposition ou la transmédiation dans nos pratiques textuelles contemporaines, de la conception d’une œuvre à sa lecture/performance, en passant par sa réception critique ou son archivage.
De telles lectures invitent alors à l’élargissement de la définition de l’objet-livre, dont la matérialité peut-être étendue au-delà du seul codex pour inclure les dispositifs numériques. La question que nous souhaiterions soulever à l’heure où l’on pose volontiers une nouvelle « fin du livre » est alors celle, plutôt, du redéploiement de l’objet-livre autour de ce qu’on pourrait appeler sa textualité. Tandis que les livres-objets soulignent des potentialités livresques jusqu’ici peu développées, ces textures nouvelles et/ou réinventées au prisme du numérique révèlent simultanément la part que jouent l’hybridation, la transposition ou la transmédiation dans nos pratiques textuelles contemporaines, de la conception d’une oeuvre à sa lecture/performance, en passant par sa réception critique ou son archivage.
On pourra alors s’intéresser à l’influence réciproque des modalités propres au livre d’une part et aux jeux vidéo d’autre part. On pourra ainsi étudier par exemple la façon dont la poétique d’oeuvres papier ou numériques a pu être incorporée et/ou transformée par les codes vidéoludiques. Comment le livre et, au-delà, ses modalités de lecture, sont-ils plus généralement retravaillés par d’autres médias ? Au-delà du parcours narratif dévoilé par un clic de souris, par exemple, que se passe-t-il quand le sens se déploie dans le toucher, l’exploration et le jeu, comme c’est le cas des oeuvres sur tablette qui demandent à être secouées, retournées ou grattées pour passer au tableau/écran/niveau suivant ? Ces mouvements caractéristiques des jeux vidéo et de leurs dispositifs construisent-il une nouvelle forme de lecture-jeu et peuvent-ils à leur tour être transposés ou transmédiatisés dans le livre imprimé ? Quelle est alors la part, dans les pratiques que nous faisons de ces objets, de la narration, de la simulation, de la manipulation, et comment celles-ci travaillent-elles la texture même de l’oeuvre ?
Quel type d’archivage — sur un plan à la fois concret et épistémologique — exigent alors ces oeuvres au sein desquelles se brouillent les notions de lecture, d’écriture et de performance ? En dépliant le support de son information, le processus de l’archivage numérique oblige à repenser les chaînes de matérialités de toute forme de document. Il s’agit alors d’interroger la manière dont la chaîne même de transmission et de conservation des inscriptions, informe ou déforme la texturalité du livre. Par la recherche d’éléments de comparaison en dehors des justifications du « Texte », le colloque se propose également de recueillir les expériences de pratiques d’inscription et de dispositifs d’écritures, situés à distance de la narration et que l’on a l’habitude de regrouper sous le terme d’« archives ».
Ce colloque s’inscrit dans un projet tri-annuel soutenu par le Labex Arts H2H « Text/ures : l’objet libre du papier au numérique » (http://www.labex-arts-h2h.fr/fr/text-ures-l-objet-livre-du-papier.html) qui explore la gamme d’objets hybrides que sont les livres d’artistes, les livres animés, les ouvrages composites de la littérature contemporaine, les livres sculptures ainsi que les nouveaux livres numériques, qui chacun à leur façon, par leur appartenance à la fois au domaine littéraire et à la culture graphique ou plastique échappent à toute tentative de classification. Par text/ures, on entend explorer le rapport entre le texte et sa matière, la façon dont il est mis en relief, voire activé par des mécanismes papier ou numériques. A qui s’adressent ces objets livres ? Quelle(s) temporalité(s) de lecture nécessitent ces ouvrages? Quels modes d’accès au sens convoquent-ils ? Plus largement, sont-ils voués à être vus, lus, exposés, dépliés, manipulés, collectionnés, conservés ? L’idée est de travailler au cœur de la matière pour explorer aussi bien les assemblages du texte que ses déploiements haptiques.