17.11.2017

conférence : « Intelligence et bêtise artificielle » au Centre Pompidou

Le jeudi 7 décembre prochain de 14h30 à 17h, Warren Sack sera à la Salle Triangle du Centre Pompidou (entrée sur la piazza Beaubourg à droite de l’entrée principale) pour une conférence sur le thème « Intelligence et bêtise artificielle » qui sera le thème des Entretiens du Nouveau Monde Industriel les 19 et 20 décembre prochains au Centre Pompidou. Cette conférence se fait en partenariat avec l’Institut de Recherche et d’Innovation du Centre Pompidou et l’EnsadLab.

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Dans son livre Stupidity (University of Illinois Press, 2002), Avital Ronell nous rappelle qu’en philosophie, «la plupart du temps, la bêtise a été assimilée à l’erreur et aux préoccupations épistémologiques dérivées. […] Le concept d’erreur ne peut cependant pas rendre compte de l’unité de la stupidité et de la cruauté ou du rapport du tyran à l’imbécile »(p.20). Pourtant, je soutiendrai que même si le concept d’erreur n’est pas suffisant, l’automatisation – en particulier la formalisation et la mise en œuvre d’algorithmes pour éliminer les erreurs de pensée et de production – peut expliquer la stupidité et la cruauté. Je rendrais compte de l’importance industrielle et intellectuelle croissante des algorithmes, en particulier des calculs arithmétiques, qui a conduit Charles Babbage, au XIXe siècle, à se demander s’ils pouvaient être produits par une machine et ainsi réalisées plus rapidement et avec moins d’erreurs qu’à la main. Cette volonté d’automatiser les gens au XIXe siècle a paradoxalement conforté une image de l’histoire antérieure des algorithmes dans leurs fondements contemporains: Alan Turing et Donald Knuth, au XXe siècle, ont tous deux basé leur conception de l’algorithme sur une image d’un homme avec du papier et un stylo et qui aurait pu être emprunté à une école de comptabilité vénitienne du XIVe siècle. Plus l’arithmétique est devenue importante pour le capitalisme (marchand, puis industriel, financier et linguistique), plus des activités comme « apprendre » – ont été transcrites en algorithmes arithmétiques. Nous devons nous demander, comme l’a fait le philosophe Herbert Marcuse à propos du capitalisme industriel, qui est cet homme unidimensionnel si dépourvu de pensée critique et de facultés d’opposition – placé au centre du capitalisme contemporain et de ses algorithmes? Et que se passerait-il si nous concevions des systèmes d’inclusion au lieu de systèmes d’exclusion et d’isolement?

Warren Sack est un théoricien des médias, concepteur de logiciels et artiste dont le travail explore les théories et les conceptions de l’espace public et de la discussion publique en ligne. Il est professeur et directeur du Département du film et des médias numériques de l’Université de Californie à Santa Cruz, où il enseigne les arts numériques et les études digitales. Il a été professeur invité en France à Sciences Po, à la Fondation Maison des Sciences de l’Homme et à Télécom ParisTech. Son œuvre a été exposée au SFMOMA (San Francisco), au Whitney Museum (New York), au New Museum of Contemporary Art (New York), au Walker Art Center (Minneapolis) et au ZKM (Karlsruhe, Allemagne). Ses recherches ont été soutenues par l’Institut d’études avancées de Paris, l’American Council of Learned Societies, la Sunlight Foundation et la National Science Foundation. Warren Sack a obtenu son doctorat au MIT Media Lab et a étudié au Yale College.