Dans un village de l’état de Puebla (Mexique), dans une zone montagneuse et principalement agricole, nous avons pu observer comment des familles de paysans s’engagent aujourd’hui dans la production d’un matériau, appelé totomoxtle, issu des feuilles de maïs pour la réalisation de pièces de design de Fernando Laposse.
Le totomoxtle est tout autant le résultat du retour à un système traditionnel de polyculture qu’une innovation technique qui permet de développer un nouveau modèle économique fondé sur le retour à la culture de la milpa.
Dans un premier temps, nous décrivons la manière dont des paysans ont appris à maîtriser les gestes artisanaux, les astuces et les savoirs investis dans les procédés de production, depuis la récolte des feuilles de maïs jusqu’à l’utilisation de prototypes dessinés pas le designer. Dans un deuxième temps, nous tentons de rendre compte des relations culturelles, économiques, politiques, écologiques et symboliques à l’œuvre dans ce projet de design, et la manière dont celui-ci permet de faire émerger de nouvelles chaînes de coopérations reliant un acteur de la création (un designer) à la société civile (les habitants du village), des productions de design à une nouvelle forme d’artisanat et aux techniques d’agriculture.
Ce cas nous offre une position stratégique pour comprendre comment le changement global – la crise du maïs hybride et ses conséquences – affecte une petite communauté du sud-est du Mexique et comment, dans cette collaboration avec un designer, se réinvente une manière de résister à l’exploitation capitaliste de la nature.
Légende de l’image
Machine à découper les feuilles de maïs, Santo Domingo Tonahuixtla, Puebla (Mexico), mai 2020
© Pepe Molina